SideMenu

JAMAIS CONTENTS ! À PROPOS DE LA TAXATION SUR LES PROFITS

mardi 8 novembre, 2022

Bien sûr, on ne va pas dire que cette annonce de « taxation des surprofits* des producteurs d’énergie » n’est pas une bonne nouvelle.

En gros, il s’agit de récupérer ce que les producteurs d’énergie nucléaire et d’énergie renouvelable gagnent au-delà du prix de 130 MWh.

C’est clairement un pas dans la bonne direction.

Mais c’est un petit pas

Cette proposition ne s’attaque pas aux réels mécanismes qui produisent les flambées de prix.
Et, surtout, il y a beaucoup d’effet d’annonce là-dedans.

Donc restons vigilant·es.

Nous ne nous battons pas pour sortir tout juste la tête de l’eau en gardant le menton dedans.

Il s’agit de beaucoup moins que 4,7 milliards.

La proposition part du principe qu’ils vont laisser les prix aussi scandaleusement élevés.

D’abord, on n’oublie pas que les compagnies d’énergie font des profits bien plus importants que cela, et que leurs dirigeants et actionnaires principaux ont accumulé des dizaines voire des centaines de milliards depuis des décennies.

Ces 4,7 milliards € sont étalés sur deux ans (1,8 milliards prévus en 2022 et 2,9 milliards en 2023)

Ces 4,7 milliards € ne sont pas certains car, pour 2023, le montant prélevé par la taxe dépendra du prix de l’énergie en 2023. Ces 4,7 milliards sont estimés à partir du prix actuel de l’énergie, donc si les prix descendent (ce qu’on souhaite) le montant collecté descendra aussi.

Le gouvernement a aussi annoncé qu’il faudrait trouver de quoi économiser 3,5 milliards (coucou les mesures d’austérité). L’idée de ces économies c’est de limiter le déficit total de 23 milliards dans le budget 2022 de l’État belge (parce que, comme tous les ans, ce « trou » va être comblé par de nouveaux emprunts de la dette publique).
Tout d’un coup ça relativise vachement la contribution exceptionnelle de cette taxation exceptionnellement exceptionnelle.

Une partie non négligeable de ces 4,7 milliards sont déjà pris en compte dans le budget de l’État puisque ce montant inclut la « rente nucléaire » déjà d’application : la taxe sur les profits qu’Engie réalise sur les réacteurs nucléaires belges – qu’elle s’est accaparés – est en place depuis 2008. Cette taxe a été augmentée il y a quelques mois par la ministre de l’énergie. Elle s’élèverait à +- 0,7 milliards en 2022 et 0,4 milliards en 2023. Cela fera 1,1 milliards en deux ans, soit presque 1/4 des 4,7 milliards annoncés.

Une partie de cet argent (on ne sait pas combien) servira à financer des aides déjà décidées (élargissement du tarif social, baisse de la TVA à 6%, chèques énergie).

Il restera à voir à quoi le reste de ce – maigre – butin servira dans les faits : réduction des tarifs de réseau ? nouvel élargissement du tarif social ? investissements dans les énergies renouvelables ? investissement dans les économies d’énergie ? aides directes aux ménages, asbl et petites entreprises ? ou indemnisation des fournisseurs ?
Taxer les profits des multinationales (mesure plus que nécessaire) est totalement insuffisant si, en parallèle, le prix auquel elles vendent « leur » énergie n’est pas plafonné.

=> Dans ce cas on leur rendra d’une main (payer les montants astronomiques des factures par les aides de l’État) ce qu’on leur aura pris de l’autre (taxer une petite partie de leurs profits). Il faut faire les deux.

 

* On choisit de ne pas reprendre le terme de « surprofits » mais de garder celui, bien suffisant, de « profits » : les entreprises de l’énergie font des profits sur notre dos, pour le compte de leurs dirigeants et de leurs actionnaires. C’est un problème en soi, quelle qu’en soit l’ampleur.

Sources
https://www.rtbf.be/…/energie-la-taxe-belge-sur-les…
https://www.rtbf.be/…/l-etat-belge-veut-reclamer-une…

 

#RendsLargent